D’ingénieure technique vers le management transversal

Mon message est surtout destiné aux jeunes hommes et aux jeunes femmes déjà à l’ENSIMAG ou qui envisagent d’intégrer l’école.

Je suis issue de la promo ENSIMAG1985 ☺ : je suis sortie de l’école voilà 30 ans !

Même si j’ai l’impression d’être sortie hier… comment résumer tant d’années en quelques lignes ? L’exercice n’est pas facile ; en quelques mots, je dirais : carrière cohérente, progressive et plongée dans la diversité.

Un début classique : technique, puis encadrement

J’ai démarré comme experte en intelligence artificielle, puis j’ai évolué vers la responsabilité technique sur les premières conceptions logicielles de type « objet » avant de prendre mon premier poste de chef de projet logiciel sur une équipe Franco-Italienne. J’ai ensuite eu une équipe plus importante et suis devenue par la suite chef de département et de service (jusqu’à 200 personnes). 

Le passage vers un management transversal

J’ai ensuite évolué vers l’ingénierie système d’abord avec une petite équipe dans une des divisions d’EADS puis au niveau du siège social  pour l’ensemble des divisions d’Airbus Group. Aujourd’hui je suis responsable des process, méthodes et outils sur l’ensemble du groupe : j’encourage l’harmonisation et les synergies entre les divisions du groupe, je définis les stratégies communes sur l’ingénierie système et logiciel, j’anime diverses communautés techniques aussi sur l’ensemble des divisions (Airbus, Airbus Helico, Airbus Defense and Space). J’ai évolué d’un poste hiérarchique vertical (manager direct) à celui d’un poste  de management transversal (leader de groupes transversaux d’ingénieurs experts ou managers sans hiérarchie directe avec moi) , un poste pour lequel les qualités d’influence et de leadership sont essentielles.

J’ai travaillé 20 ans dans le domaine des projets Défense puis j’ai évolué vers ceux de la Sécurité et maintenant au niveau du Groupe Airbus, je côtoie les fabricants d’avions, d’hélicoptères, de satellites et de lanceurs : l’ingénierie système et logiciel (mon domaine technique) y est partout présente.

Et comment cela a-t-il pu se faire ?

J’ai toujours cherché à évoluer tous les 3-4 ans sur de nouveaux postes pour me permettre de me renouveler et ne pas m’ennuyer ; comment ? En cherchant autour de moi ou en écoutant des propositions qu’on pouvait me faire.  J’ai  aussi toujours voulu me développer personnellement, en profitant au maximum des formations offertes, car se connaître et progresser sur cette connaissance  est essentiel pour travailler en équipe ou manager/conduire une équipe. Ne croyez pas que seule la technique fait le métier : votre personnalité, votre capacité à écouter, à vous adapter, à négocier, à travailler avec les autres, à rédiger, à communiquer etc… sont autant de facteurs qui détermineront votre chemin. Saurez vous aussi vous remettre en question régulièrement, vous évaluer et accepter de vous former ou d’expérimenter (prise de risques) pour grandir ? 

Notre métier exige et permet cette évolution permanente : c’est ce qu’il fait qu’il est passionnant et motivant ; il permet aussi de côtoyer quotidiennement des ingénieurs et des commerciaux de très haut niveau. L’environnement est obligatoirement stimulant. La part des langues (Anglais en particulier) est de plus en plus importante dans le métier; l’Anglais est ma première langue professionnelle depuis plus de 10 ans. Sachez aussi que certaines embauches se font en Anglais aujourd’hui.

Et ma vie personnelle ? 

J’ai 2 enfants qui ont aujourd’hui 18 et 20 ans : oui il est possible d’être une mère de famille et d’être ingénieure! … et mariée à un ENSIMAG, on a failli engendrer un ENSIMAG… mais notre fils a préféré choisir l’ENSEEIHT, il fallait se distinguer de ses géniteurs :-)

Ce qui aide tout de même quand on a une famille et qu’on est une ingénieure, c’est d’avoir un conjoint qui joue pleinement son rôle de père en étant bien présent aussi auprès des enfants et en étant un relais en cas de déplacement (soutien réciproque évidemment ! car mon mari et moi voyageons tous les 2 beaucoup à travers l’Europe).  Par ailleurs, message particulier pour les étudiantes : on manque d’ingénieures et on les recherche aujourd’hui : il est de plus en plus reconnu que la diversité notamment de genre est un apport très positif pour le business, voire indispensable ; aussi mesdames, n’hésitez pas à vous affirmer même dans un milieu masculin et ayez confiance en vous ! Par ailleurs, les modèles féminins commencent à poindre pour votre génération, alors profitez-en ! Je suis prête à coacher/mentorer certaines d’entre vous, ayant à mon époque manquer de soutien et de modèle. Je milite aussi en tant que marraine au sein de Elles Bougent. Vous pouvez aussi !

Bonne chance et bon chemin !