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Les étapes, depuis développeur jusqu’à PDG d’une PME internationale

Soyez humble au début : il faut apprendre le métier

Sorti de l’Ensimag en 88, j’ai durant huit ans travaillé comme ingénieur développeur. A tous ceux qui regardent de haut cette fonction, je voudrais dire que j’y ai beaucoup appris à être confronter avec ces tâches : bien sûr un approfondissement de la technologie, une adaptation au monde changeant du numérique, mais surtout j’ai appris à connaître les gens, j’ai appris à être pertinent dans les solutions que je proposais. A l’issue de cette période, je savais discuter avec les collègues, ma hiérarchie, mes clients. Et travailler en équipe ! C’est une première leçon fondamentale qui s’apprend essentiellement sur le tas, et cela reste un préliminaire à ceux qui veulent devenir des managers.

J’ai ensuite migré comme commercial dans une société de services, dont je suis devenu après quatre ans le directeur général , après être rentré en tant qu’ingénieur commercial de l’agence Toulousaine.

Le virus de la création d’entreprise

Ma fonction commerciale dans une SSII ne me passionnait pas spécialement, et j’ai tenté une première aventure de création d’entreprise en 2000 : Anyware Technologie. Huit ans plus tard, je l’ai revendu à Wawecom. Mais le virus ne m’a pas lâché, et j’ai fondé ensuite Goojet (2008-2011), qui est devenu Scoop.it, basée à San Francisco. Et dès 2010 j’ai participé à la création de SigFox.

SixFox a maintenant une stature mondiale. Elle s’est bâtie sur le créneau du réseau à bas débit et à très basse consommation d’énergie, permettant à un coût modique de relier les objets à Internet (ce qu’on nomme l’internet des Objets). Passée de 2 personnes à plus de 200 personnes en 4 ans, elle reste une société localisée près de Toulouse, avec des bureaux sur chaque continent.

Si nous avons réussi cet exploit, c’est bien sûr parce que nous avions au départ une technologie de très grande qualité, et aussi parce que nous avions identifié que cette technologie répondait à un réel besoin. Le succès de l’entreprise dépend de sa capacité à se hisser en leader mondial, avec une ambition très forte dès sa création et un souci du détail et de la performance marketing et communication en parallèle du développement technique et industriel.

Vouloir créer un leader mondial signifie être capable de financer ses ambitions et c’est en cela qu’il est nécessaire de ne pas perdre de temps à lever énormément d’argent, 127M€ à date pour Sigfox.

Notre enjeu est de devenir le « S » des GAFA ☺


Pour vous qui étudiez encore

D’abord comme je l’ai écrit en début, n’ayez pas peur de commencer très bas : quand vous commencez vous avez tout à apprendre. Mais soyez aussi ambitieux quant à votre évolution.

Vous serez diplômé avec d’excellentes bases techniques, et vous aurez acquis une bonne capacité d’abstraction. C’est un aspect essentiel pour démarrer. En revanche, vous verrez rapidement que la technologie n’est pas l’alpha et l’oméga pour se bâtir une carrière : d’une première importance est votre capacité à rester agile, à être ouvert, à progresser. Cela doit faire de vous des collaborateurs avec qui on a envie de construire, des collaborateurs qui sont des forces de proposition, le genre de collaborateurs qui me challengent et dont j’aime à m’entourer. Soyez le sang neuf de l’entreprise que vous embauche.

Vous allez avoir d’innombrables opportunités durant votre carrière, à vous de trouver celle qui vous convient. Mais dans ce monde actuel où le numérique change en permanence les règles du jeu, vous avez aussi maintenant la possibilité de créer des entreprises dès votre diplôme, de créer votre entreprise. Je vous engage vivement à tenter l’aventure entrepreneuriale, elle est passionnante. Certes la carrière dans un grand groupe offre des avantages de progression planifiée, mais elle peut aussi réserver de mauvaises surprises lors de réorganisations sévères.