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C'est depuis les bancs de l'université que j'ai rempli mon dossier d'admission sur titre à l'ENSIMAG. J'avais choisi de rentrer en 2ème année de DEUG MIAS (Mathématiques et Informatique Appliqués au Sciences) après une année validée de classes préparatoires PCSI (Physique-Chimie et Sciences de l'Ingénieur). Les solides bases et méthodes de travail que j'y avais acquises m'avaient permis d'être parmi les meilleurs éléments de ma promotion et d'obtenir mon admission sur titre à l'ENSIMAG. Après le tronc commun des premières années, je me suis naturellement orientée vers la filière Génie Logiciel. Je n'étais pas une fondue de technique passant ses soirées et weekends à coder, mais je m'amusais à développer mes premiers « sites persos »…
Sortie d'école début 2003, la conjoncture économique n'était pas très favorable à ma recherche d'emploi. J'ai cependant pu effectuer mon stage de fin d'études chez Cap Gemini TMN à Rennes et être embauchée à l'issue. L'année suivante j'ai déménagé pour Sophia Antipolis, et j'ai très rapidement travaillé pour Astek (SSII), en mission chez Amadeus (système de réservation aérienne), un acteur majeur de l'économie de cette zone qui apprécie beaucoup les diplômés de l'ENSIMAG.
Mon expérience suivante s'est déroulée chez Kelkoo, un site comparateur de prix de la région grenobloise. Cette ancienne startup avait appartenu à Yahoo ! pendant plusieurs années et en avait retiré de bonnes méthodes de travail et un outillage pointu en terme de déploiement et gestion des environnements de production. C'est ainsi que j'ai découvert l'Agilité et plus particulièrement Scrum, une méthode itérative de gestion de projet dans laquelle les membres de l'équipe sont beaucoup plus impliqués que dans les méthodes traditionnelles.
J'ai également eu la chance de rencontrer des architectes / lead techniques avides de transmettre leurs connaissances techniques et méthodologiques. C'est ainsi que j'ai pu découvrir et pratiquer le « Software Craftsmanship » (Clean Code, Unit testing, Test Driven Development, Pair Programming…), au travers des Coding Dojo qu'ils animaient.
The Software Craftsman, livre de Sandro Mancuso, emblématique du mouvement Software Craftsmanship (artisanat du logiciel)
Suite à une nouvelle mutation professionnelle de mon mari, j'ai encore une fois dû changer de région… J'ai continué à travailler en télétravail pendant un an, puis j'ai profité de la naissance de mon deuxième enfant pour faire une pause d'un an. J'ai ensuite repris mon activité à temps partiel pour préserver mes mercredis auprès de mes 2 enfants. J'ai alors retrouvé Astek et Amadeus (le monde de Sophia Antipolis est petit ;-) ), cette fois ci avec un profil radicalement différent de par ma séniorité technique et Agile.
Le temps où les carrières techniques n'étaient pas reconnues, et où le seul moyen d'évoluer était de rejoindre les carrières managériales, est révolu ! De plus en plus d'entreprises ont intégré l'importance de la séniorité dans les profils techniques, et adapté leurs grilles de salaires et objectifs pour les prendre en compte. Ce changement se justifie d'autant plus avec les méthodes Agiles, où chaque équipier peut (et doit) interagir avec le Product Owner (personne en charge de la définition du produit), et développe pour le compte de son équipe (et non plus pour lui même).
C'est ainsi que je m'imagine encore longtemps dans la filière technique. Dans les mois qui viennent je vais déménager à Paris et j'envisage cette fois-ci de rejoindre une startup.
C'est vrai que ce n'est pas commun… déjà à l'ENSIMAG, nous n'étions que 10 % dans l'option Génie Logiciel ! Les stéréotypes ont la vie dure, et pourtant je n'ai jamais regretté mon choix. Le développement logiciel est une porte ouverte sur une multitude de domaines fonctionnels, et il est possible de passer de l'un à l'autre, à condition de rester sur la même « stack technique ».
Je ne me suis jamais sentie désavantagée parce que j'étais une femme, j'ai par exemple pu prendre un poste de Lead Technique lorsque la situation s'y est prêtée. Mais il est vrai que c'était dans une startup, où les mentalités ne sont peut être pas les mêmes qu'ailleurs…
J'aime mettre en œuvre ce que j'ai appris et transmettre mon expérience aux nouvelles générations de développeurs. J'ai d'ailleurs récemment présenté une session lors de la conférence Agile Tour 2015 de Sophia Antipolis. J'ai été aidée dans ma préparation par Duchess France, une association destinée à valoriser et promouvoir les développeuses et les femmes avec des profils technique, leur donner plus de visibilité, mais aussi à faire connaître ces métiers techniques et créer de nouvelles vocations.
En début de carrière, je me suis beaucoup reposée sur mes acquis, ou sur ce que j'apprenais dans mon travail quotidien. Mais malheureusement, tous les postes n'apportent pas le même lot de nouveautés et il faut alors faire de la veille technologique par soi même si on veut rester « à jour » et pouvoir prétendre à une « carrière technique ». Dans la « vie réelle », il y a les User Groups des technologies ou de craftsmanship, les meetups ou encore les conférences. Et sur Internet il y a des blogs personnels ou d'entreprises, Twitter, les Virtual User Group pour Java par exemple, etc. Le plus gros problème n'est pas de trouver les sources, mais de trouver le temps – en particulier quand on a une famille…
Il faut être conscient de la diversité du marché du travail pour les développeurs. Entre les SSII, les « grands comptes », les startups (déjà financées ou pas), il y a une multitude d'expériences différentes à vivre qui peuvent répondre aux différents besoins des différentes étapes de la vie professionnelle et personnelle.
Il est aussi important de savoir « cultiver son employabilité ». Notre métier demande une certaine ouverture d'esprit et il faut savoir partir si on s'ennuie.
De même, il est important de savoir tirer profit des nouveaux outils tels LinkedIn, qui sont de formidables outils lorsqu'on cherche un poste… ou que le poste vient à vous… pour cela il faut tenir son profil à jour (expériences et relations) de manière régulière, sans attendre d'en « avoir besoin ».