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Après avoir eu un bref aperçu de l’informatique en classe préparatoire, l’Ensimag s’était imposée comme choix logique pour continuer à creuser cette discipline qui allie l’élégance des mathématiques avec la satisfaction de construire quelque chose de très concret. Dans ce mariage heureux du théorique et du pratique, j’ai particulièrement apprécié la possibilité d’étudier en parallèleet de mettre en pratique la logique, les probas, les stats, les méthodes numériques, l’algorithmique et la programmation avec des enseignants qui l’utilisent au quotidien dans leurs activités de recherche. La conjonction de ces matières, mon intérêt philosophique pour l’apprentissage, et un M2R en Intelligence Artificielle (IA) réalisé en parallèle de ma dernière année à l’Ensimagm’ont ouvert les portes d’une thèse en vision par ordinateur.
Cette branche de l’IA consiste à programmer les ordinateurs afin qu’ils puissent apprendre eux-mêmes à voir et interpréter le monde. La vision par ordinateur est cruciale pour la robotique, les voitures autonomes, l’indexation de documents, d’images et de vidéos sur le web, la vidéo-surveillance, la médecine,l’analyse sportive, et même les neurosciences pour tester des modèles bio-inspirés. Ma thèse portait en particulier sur les problèmes fondamentaux de l’analyse vidéo comme l’interprétation du mouvement et la reconnaissance d’actions (qui fait quoi, où et quand).
Détection automatiques de composantes de mouvement pour la reconnaissance d’actions.
Suite à ma thèse, j’ai décroché un poste d’ingénieur de recherche en vision par ordinateur à Xerox, ce qui m’a permis de continuer à faire de la recherche fondamentale (notamment via des publications à des conférences et journaux) tout en m’efforçant à ce qu’elle soit appliquée à court, moyen ou même long terme. En plus de ma passion pour les aspects scientifiques, techniques et philosophiques de l’IA, le fait de pouvoir encore une fois marier le théorique et le concret est ce que j’aime dans mon métier, car je peux jouer sur les deux tableaux, en même temps ou pas !
Comme cela est souvent développé dans d'autres témoignages de carrière, la dimension internationale est essentielle, surtout au niveau de la recherche. Néanmoins, j’avais des raisons sérieuses de vouloir rester sur Grenoble (une certaine camarade de promo qui est devenu ma femme notamment). J’ai donc cherché des solutions qui me permettraient de concilier mes objectifs personnels et professionnels au mieux. Du fait de la grande proximité avec un environnement de recherche de classe internationale, j’ai pu trouver des opportunités de collaborer avec des chercheurs de renommée mondiale, comme Cordelia Schmid de l’Inria, sur les sujets qui me passionnaient vraiment. J’ai même décroché une bourse prestigieuse de Microsoft Research qui m’a donné l’opportunité de m’impliquer véritablement dans la communauté scientifique internationale (publication à des conférences et journaux, présentations invitées et voyages un peu partout dans le monde) et de me construire un réseau vraiment intéressant (contacts au MIT, Berkeley, Oxford, …). L’équipe dans laquelle j’ai fait ma thèse, et le labo dans lequel je travaille actuellement sont aussi un reflet de cet aspect international et multi-culturel, quelque chose que je vis vraiment au quotidien (je parle plus souvent anglais que français, et de loin !).
En ce moment j’encadre plusieurs étudiants (en thèse ou master) qui viennent d’un peu partout (Chine, Brésil, Russie, France) et je collabore avec de nombreux chercheurs (de Xerox, Inria, Facebook, Université de Barcelone). Je gère plusieurs projets de recherche et de transferts à Xerox, mais je consacre aussi beaucoup de mon temps à la lecture d’articles scientifiques, à l’écriture de code, et à la conduite et l’analyse d’expériences. Ma principale direction de recherche tourne autour du « deep-learning » (la nouvelle génération de réseaux de neurones) et la création de mondes virtuels pour la génération de données d’apprentissage (par des ordinateurs !) pour des ordinateurs grâce aux moteurs de jeux vidéos et réalité virtuelle (cf. la vidéo https://youtu.be/igroc-NDmiU et un exemple de monde virtuel réaliste pour la détection et le suivi de voitures ci-dessous).
En plus de ma vie professionnelle, j’ai une vie personnelle bien remplie : j’ai une fille de deux ans que je dépose tous les matins chez sa nounou et avec qui j’essaye de jouer un maximum, je fais de l’escalade deux à trois fois par semaine avec ma femme, des amis et des collègues de travail, et bien sûr je skie (quand il y a de la neige !). Je suis vraiment tombé amoureux des montagnes et je trouve que la qualité de vie à Grenoble est vraiment difficile à trouver ailleurs (même en cherchant loin). Cela facilite un peu la recherche de ce fameux équilibre entre vie personnelle et professionnelle, qui est notoirement difficile à trouver quand on est passionné par son travail !
Ma petite expérience m’a permis de tirer quelques leçons évidentes mais peut-être utiles :
Si la recherche dans ce domaine vous intéresse, et si vous êtes curieux de la recherche qui se fait à Xerox, n’hésitez pas à m’écrire (voir annuaire de l’AAE pour le contact).